UN PASSAGE A VIVRE
Jacob est en conflit avec son frère jumeau Ésaü depuis leur naissance.
Leur rivalité est encore plus marquée à partir du moment où Jacob usurpe à son frère la bénédiction paternelle.
À partir de ce moment, les deux frères ne se voient plus.
Vingt ans plus tard, en vue d’une réconciliation, à la veille d’une rencontre redoutée avec Ésaü, Jacob va lutter toute la nuit avec un personnage mystérieux.
Un récit mythique toujours d’actualité…
Cette nuit-là, Jacob se leva, il prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et passa le gué du Yabboq.
Il leur fit passer le torrent et fit aussi passer ce qui lui appartenait.
Jacob resta seul. Or, quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore.
L’homme, voyant qu’il ne pouvait rien contre lui, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat.
L’homme dit : « Lâche-moi, car l’aurore s’est levée. » Jacob répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. »
L’homme demanda : « Quel est ton nom ? » Il répondit : « Jacob. »
Il reprit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté. »
Jacob demanda : « Fais-moi connaître ton nom, je t’en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et là il le bénit.
Jacob appela ce lieu Penouël (c’est-à-dire : Face de Dieu), « car, disait-il, j’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve. »
Au lever du soleil, il passa le torrent à Penouël. Il resta boiteux de la hanche.
Genèse chapitre 32, 23-32
Jacob est resté seul.
Il lutte toute une nuit contre un inconnu, puis passe le gué de Penouël au petit matin.
Je repère les passages de l’obscurité à la lumière et leur lien avec la scène.
Jacob sort de ce combat marqué dans sa chair et portant un nouveau nom.
La solitude… Pour que Dieu puisse me visiter…
Jacob passe d’une résistance tenace à une acceptation.
Au petit matin, c’est un homme transformé qui passe sur l’autre rive.
Pour moi aujourd’hui :
● Mise à l’écart… Peur… Solitude… Comment ces mots me parlent en ce début de Carême…
● Quel est mon besoin d’être aidé(e), ma seule énergie ne suffisant pas.
● Quel(s) passage(s) j’aimerais franchir dans ma vie…
EN ECHO :
J’ai transgressé la nuit comme on traverse un fleuve.
Je suis parti sans bruit, sans manteau et sans preuve.
Pâques des interdits et des portes captives,
Rebelle ou bien bandit, j’ai gagné l’autre rive.
Sous ce matin crayeux j’ai fui mes certitudes.
Resté seul, j’étais deux, matin des solitudes.
Au plus creux de la mer l’autre était face à face,
Ses remparts en travers, des deux poings en menace.
Dans un cri raboteux il m’a pris par la hanche
Et m’a laissé boiteux, mais j’ai pris ma revanche.
J’ai rendu coups pour coups. Ce Dieu est vulnérable.
J’ai sauté les verrous qui me tenaient coupable.
Dieu cessait d’être vieux. Ne jouant plus un rôle
Il n’était plus que Dieu. Je l’ai pris par l’épaule.
Nous nous sommes battus, Lui et moi, Dieu à homme.
J’ai brûlé sa statue, ses masques et ses couronnes.
J’ai déshabillé Dieu des mensonges en prières.
Dieu sans barbe et sans cieux devient mon partenaire.
Jean Debruynne VIVRE Le gué du Jabboq